MARATHON MODE D’EMPLOI

Vous vous apprêtez à courir votre premier marathon? Pour que vous sachiez à quoi vous attendre et afin de vous aider à « gérer » cette course dans les meilleures conditions, je partage ici avec vous mon tout premier marathon: c’était celui de Lausanne en 2014.

Si vous avez…

– suivi un plan d’entraînement comprenant des intervalles longs, courts ainsi que des sorties longues en progressif jusqu’à environ 30 km
– sensiblement réduit le volume d’entraînement ces 2 dernières semaines pour pouvoir bien récupérer
– bien dormi la nuit passée
– mangé ce que vous avez l’habitude de déjeuner ce matin
– êtes arrivé une bonne demi-heure sur place pour ne pas être inutilement stressé au départ
– aux pieds les baskets que vous avez l’habitude de porter et que vos habits sont confortables
– dans les poches de la nutrition que vous connaissez et que vous avez testée ces derniers mois
– calculé votre temps de course sur la base de votre allure moyenne sur les longues sorties et choisi votre sas en fonction de celui-ci

Alors toutes les conditions sont réunies pour que votre course se passe à merveille!

Km 0 à 10
3,2,1.. départ!
Les sensations sont bonnes, même incroyablement bonnes. J’ai l’impression de voler. C’est comme si mes jambes n’avaient rien à porter! Est-ce l’enthousiasme de ce début de course? ou le fait que j’ai su me reposer ces derniers temps malgré mon envie de continuer de m’entraîner?
Un oeil à ma montre: 4’40’’/km c’est 30 secondes plus vite au kilomètre que l’allure que je vise sur le marathon. L’espace de quelques minutes, je suis convaincue que je suis capable de courir à cette vitesse jusqu’à la fin. Heureusement, la raison est là pour me rappeler à l’ordre. C’est beaucoup trop vite et je prends un risque de continuer ainsi. Celui de puiser trop vite dans mes réserves et de craquer tôt ou tard. Un ami habitué des marathons me l’a dit!

Sans trop attendre, je mets le frein et m’efforce de rester en-dessous de 5’00’’/km. Ce malgré la foule qui est en bord de route et qui nous encourage. Ces premiers 10 kilomètres passent très rapidement: déjà 1/4 de fait, j’ai l’impression d’avoir à peine commencé la course. C’est très rassurant et motivant. Pour passer le temps, je commence à parler avec mon partenaire de course qui, lui aussi, n’a aucune peine à parler tout en courant allègrement.

Km 11 à 20

Toujours aucun signe de fatigue ni de lassitude. Je continue de courir allègrement et apprécie le paysage qui m’entoure et la météo ensoleillée et clémente de cette fin octobre. Je pense à mon amie Alexia qui avait couru son tout premier marathon (de Lausanne aussi) dans des conditions hivernales! Je ne suis pas certaine que j’aurais eu autant de plaisir à courir dans le froid, la neige et le vent!

Après avoir traversé les magnifiques vignobles du Lavaux, nous nous approchons de Vevey où nous attendent des promeneurs du dimanche le long des quais. Quel bien ça fait d’entendre leurs encouragements et leurs « bravos »! Je vois quelques visages familiers, des gens appellent mon nom, je souris. Les quelques kilomètres qui nous séparent du fameux demi-tour à La Tour-de-Peilz sont intenses et à mon goût beaucoup trop rapides. Pour mieux profiter de ce bain de foule je prends quelques instants au ravitaillement pour boire et m’alimenter.

Km 21 à 30

Au km 21, je suis euphorique à l’idée d’avoir déjà fait la moitié de la course. Liée aux cris des supporters qui se trouvent le long de la route, cette idée me porte et me fait oublier que mes jambes commencent à fatiguer. Normalement, à l’entraînement, ce serait bientôt fini. Mais là, l’inconnue se rapproche: je n’ai en effet jamais couru plus de 30 kilomètres.
En revenant vers Vevey, je continue de voir des visages familiers, des sourires, j’entends des cris d’encouragement. Puis, plus rien ni personne. C’est comme si la vague qui me portait cette dernière 1/2 heure me laissait tomber. Je me retrouve seule face à moi-même. Un oeil à ma montre, 25 km.

Le chemin est encore long, même très long. D’une minute à l’autre, je commence à douter. Dire qu’il y a encore quelques minutes j’étais euphorique! Mon mental a totalement basculé. Je broie du noir…

Nous avons entamé le chemin du retour vers Lausanne et traversons le Lavaux. Un cycliste nous dépasse et lance: « Courage! la bise souffle fort! » En effet, je sens déjà le vent de face qui rend ma foulée plus ardue. Tour à tour, mon partenaire de course et moi prenons des relais pour courir l’un devant l’autre afin de se protéger du vent – je connaissais cette technique à vélo et suis surprise que ça fonctionne aussi à la course. En tous cas cela m’occupe l’esprit durant quelques kilomètres. Un coup d’oeil à ma montre: 28 km, seulement… Et mon allure a fortement ralenti: des 5’00 »/km je suis redescendue à 5’35 »/km. Mon partenaire l’a aussi remarqué. Il m’encourage, essaie de relever la cadence et surtout me rappelle de m’alimenter. Les kilomètres passent de plus en plus lentement. A l’approche de la barre des 30 km, je n’ai plus envie de courir. Pour résister à l’envie d’abandonner je me déconnecte de mon corps. J’ai l’impression d’être devenue un robot qui effectue un mouvement répétitif et sans fin.

 

Km 31 à 40

Malgré les mots d’encouragement de mon partenaire de course, j’ai de la peine à remonter ma cadence. C’est tout juste si je ne lui en voulais d’essayer de me faire accélérer! Je réalise alors que ce n’est pas tant mon corps mais ma tête qui me freine…

Au bord du parcours, un orchestre joue pour nous. Assis sur des terrasses, des gens profitent de ce magnifique dimanche d’octobre. Je me rappelle que ce marathon est une fête et que je suis là pour en profiter moi aussi. Cela suffit pour me redonner confiance en moi et voir le bon côté de cette aventure sans fin.

Grâce au glucose que j’ai avalé il y a quelques minutes, je retrouve aussi des forces et constate avec soulagement que les kilomètres passent plus aisément. Je retrouve aussi certains repères géographiques grâce aux nombreux entraînements que j’ai effectués entre Vevey et Lausanne. A Lutry, je retrouve les pavés que nous avons dévalés à l’aller et me souviens de l’état euphorique dans lequel j’étais il y a moins de 3 heures. Cela me fait du bien, d’autant plus que je vois la FIN. Un oeil à ma montre: il reste un peu plus de 5 kilomètres. SI je garde ma cadence je devrais atteindre mon objectif initial qui était de terminer en dessous de 3h40. Au dernier ravitaillement, je m’arrête à peine, juste le temps de boire de l’eau et une gorgée de coca. Il n’y a plus une seule seconde à perdre!

A Pully, une voix familière me lance des encouragements qui vont me porter jusqu’à la ligne d’arrivée, à moins de 3 kilomètres…

 

Km 41 à 42.195

Nous traversons Pully et je vois au loin le bout de l’Avenue Général-Guisan, là où nous bifurquerons pour redescendre vers Ouchy. Une montée d’adrénaline folle me donne la force d’accélerer et fait disparaître toutes les douleurs physiques. Au moment de bifurquer l’excitation de voir enfin la ligne d’arrivée m’envahit car j’entends déjà le speaker qui annonce les « finishers ». Sur les derniers 300 mètres j’ai l’impression de voler vers cette arche et suis impatiente de m’engoufrer dans la foule accueillante. Malgré l’euphorie de l’avoir fait, je me dis, au moment de passer la ligne d’arrivée, que plus jamais je ne courrai cette distance… Pourtant, l’avenir me dira le contraire!

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